Départ à l’aube donc, direction la ferme de Jose à Motril, au cœur d’une zone subtropicale d’environ 60km coincée entre les 3400m de la Sierra Nevada - barrière naturelle pour les nuages qu’on aperçoit au loin enneigée - et la mer. Beaucoup d’eau l’hiver et très chaud l’été… voilà, tout pousse, on est presque dans les tropiques !
jose, Motril Au magasin : avocats
Ce qui nous frappe en arrivant chez Jose c’est la différence avec les parcelles qui entourent sa ferme. Chez lui, c’est un havre de paix verdoyant, un mélange d'espèces, un sol recouvert d’herbes, vivant, qui sent bon l’humus.
Autour c’est monoculture bio, manguiers partout en rang d’oignon, et débrouissailleuses comme musicalité. Rien ne dépasse.
Problème, la mangue et l’avocat sont des cultures rentables et qui demandent peu d’entretien. Beaucoup arrachent oliviers, amandiers pour planter des manguiers à la chaîne. Mais cette culture demande énormément d’eau. D'ailleurs l’eau, c’est forcément une grosse question qu’on leur pose rapidement. On comprend que c’est un peu plus complexe que ce que l’on peut parfois entendre. Ils regrettent que le problème ne soit pas pris dans sa globalité et que l’agriculture soit un bouc émissaire facile. On nous explique que les petites fermes font forcément plus attention car ils subissent les conséquences directes du manque d’eau et que c’est plutôt l’expansion des plantations qui pose problème, tout comme l’intensification touristique… Pour Rafa, les énormes plantations d’oranges et d’oliviers, qui ont aussi besoin d’eau, posent autant de problème que les avocats mais sont moins montrées du doigts car historiques dans la région. On comprend mieux la complexité de la règlementation des usages dans cette région ultra touristique avec quelques chiffres : en période de sécheresse, est-ce qu’il vaut mieux privilégier l’agriculture, les piscines ou les.. 22 golfs de Málaga ?!
Jose, la 50aine, grand corps élancé, souriant, cheveux courts poivre et sel. Très charismatique et fier de nous recevoir et nous faire visiter sa ferme qu’il gère avec sa femme Emilia.
Au total, il cultive 10 hectares répartis en 15 petites parcelles. Principalement avocat, mangue et chirimoya. En plus de sa famille, la ferme fait aussi vivre 2 autres foyers car Jose a deux employés à temps plein.
Un travail colossal, de tous les jours ! Notamment pour les chirimoyas, fruits presque inconnus en France au goût entre la poire et le melon mais à la consistance juteuse et crémeuse, qui nécessite d’être pollinisé à la main, en 3 passages !
On commence par aider Béa, Enrique y Julio, les trois personnes engagé·es par Tierra y Libertad pour des missions de biodiversité dans les fermes de la coopératives. Une matinée à faire de petites plantations dans la parcelle qui borde la maison de Jose et Émilia. L'objectif ici est de recréer un cercle vertueux de biodiversité : construire des étangs, planter des arbustes et petits arbustes qui feront de l’ombre au sol, des plantes variées qui feront revenir des insectes et pollinisateurs, installer des nichoirs pour attirer les oiseaux et chauves souris qui pourront chasser des ravageurs, les insectes, les pollinisateurs, enrichir les sols…
Nous questionnons Jose sur ses cultures et notamment l’avocat. Il en produit 8 tonnes par an à l’hectare, ça semble dingue !
Certains arbres déjà cultivés par ses parents ont plus de 40 ans, des géants sous lesquels il fait bon s’y réfugier en plein été. Jose explique qu’il a pu constater, lors des périodes de limitation d’eau, qu’alors que les sols et arbres de ses voisins étaient secs au bout de 20 jours, les siens étaient encore humides après 40 jours.
Sa recette : il n’irrigue presque pas d’octobre à avril. Le sol est travaillé depuis des années avec de la matière organique enterrée autour des arbres, un couvert végétal permanent grâce aux branchages issus de la taille et une alternance entre avocatiers, manguiers et chirimoyos.
Par exemple les manguiers ont des racines profondes jusqu’à 3/4m qui vont nourrir les avocatiers qui eux descendent seulement à 40/50cm et apportent d’autres éléments aux manguiers…
Le soin que porte Jose à ses arbres est impressionnant, il est passionné par son travail et semble très heureux. Son jardin ressemble à un pays de cocagne avec - pour sa consommation personnelle - des oranges, mandarines, citrons, grenades, goyaves, litchis, et même canne à sucre, bananes et un arbre de café !
Le ventre rempli de fruits frais et après un bon café, on prend la route avec Rafa.
Direction Palma del Rio, à 3h30 de route. Entre Séville et Cordoue, au nord de l’Andalousie.
Visite producteur·ices, le 16/11/2024
Matthias et Solène
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