Il est 8h30, heure du petit dej' avec Begoña, notre productrice d’huile d’olive, Martina qui travaille à Tierra et Libertad avec Rafa ,et Juan producteur d’oranges à Palma de Rio, à côté du fleuve Guadalquivir dans la province de Córdoba.
juan producteur d'agrumes
La quarantaine, petites lunettes rondes sur le nez, très loquace, très précis dans ses réponses aux questions, Juan parvient toujours à garder son fil conducteur malgré des digressions permanentes.
Son grand père cultivait déjà des oranges. Il a notamment planté des orangers sur une parcelle pour éviter une possible future préemption (ce qui s’était passé sur un bout de son terrain à côté pour construire des installations sportives).
On chemine donc dans une belle ferme familiale de 15,5 hectares en deux champs avec plusieurs variétés d’oranges : navelina, salustianas, barbarinas…
1 hectare d’orangers c’est 30-35000 kg d’oranges à l’hectare pour une bonne année (100 à 150kg par arbre!).
La commande annuelle de La Bonne Pioche c’est environ 2000kg, soit environ la production de 20 orangers.
On ne se fait pas prier pour goûter les oranges et elles sont délicieuses. Les oranges, à l’inverse d’autres fruits, ne mûrissent pas une fois récoltées, comparées à d’autres fruits. Une grosse différence avec ceux qui injectent de l’éthanol dans des oranges récoltées vertes pour qu’elles deviennent oranges et donnent l’impression d’être mûres...
Juan explique qu'il n'y a pas de différence entre les oranges à jus et les autres. C’est du marketing récent mais ce sont les mêmes, ils gardent juste les plus petites qu’ils vendent un peu moins cher pour le jus. En gros, non : si ton orange est de bonne qualité, tu peux la croquer ou faire du jus. Et il parait que c’est dommage d’enlever la membrane blanche… qui est pleine de vitamines et de fibres !
Il y a pas mal de différences de température entre l’été et l’hiver dans le coin : c’est bon pour les fruits car en se protégeant du froid, les arbres relâchent des substances qui sont bonnes.
Pendant la saison de la récolte, Juan embauche 7 personnes en tout ; alors que la plupart du temps sur 200hectares il n'y a qu’une seule personne !
Ici, il y a beaucoup de demandes pour travailler avec eux car "vosotros tratáis bien a la gente y pagáis todas las horas de trabajo" ("vous traitez bien les gens et payez pour toutes les heures de travail") Qu’est-ce que ça doit être ailleurs…
Sur son exploitation il y a un sacré boulot de taille et de soin régulier des arbres :
- il est important que le soleil puisse rentrer au milieu de l’arbre tout en laissant les feuilles recouvrir les branches pour que le soleil ne les brûle pas ;
- il faut laisser une petite ouverture et de la place pour aller au milieu de l’arbre pour ramasser les fruits ;
- avant les arbres étaient beaucoup plus hauts mais dangereux pour la récolte (chutes). Donc ils les entretiennent plus petits maintenant. Cela permet aussi aux fruits de grossir plus.
On parle aussi du prix de l’orange et des conditions de vie liées.
Avant une famille pouvait vivre avec 4-5 hectares. Aujourd’hui avec 15-20 si tu as beaucoup de variétés différentes et de la bonne terre tu peux t’en sortir.
Juan peut sortir 500 000kg sur une bonne année. Problème, les grossistes lui achètent 0,35€ le kilo ; les prix du marché sont hauts mais parfois ils descendent à 0,17€ (et tout ça est calé sur les récoltes au Brésil ou en Floride…). Sachant qu’un kilo lui coûte 0,22-0,25€…
Les gros distributeurs - los piratas como dicen* (Les pirates comme ils disent) - ont de multiples techniques pour tirer les prix vers le bas. Par exemple, ils peuvent décider unilatéralement qu’une partie de ta marchandise n’était pas bonne à vendre et ne te la paient pas. Ou ils peuvent stocker un max d’orangers d’Afrique du Sud et d’Egypte a des prix très bas pour faire chuter les prix en Espagne…
Dans tout ça, Juan parvient à vendre la moitié à un très bon prix (en direct ou via Tierra y Libertad), soit plus d’un euro.
Il n’a pas augmenté le prix depuis 11 ans vu que tout le reste (transport, etc) augmente déjà. Il fixe son prix pour toute la saison avec Tierra y Libertad même si ce n’est clairement pas le même boulot toute l’année (en début de saison tu ramasses 10kg dans cet arbre, 20 dans cet autre..).
Petite anecdote, cela fait 2 jours que les Espagnols se moquent des français (de nous donc !) car on aime les agrumes acides notamment le pamplemousse. Les locaux leur disent parfois : « Tu produits des pomelos ? Oui ! Et tu arrives à les vendre ?! »
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Visite producteur·ices, le 17/11/2024
Matthias et Solène
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